TRISTE SIRE

Sire accuse le baI d'amour 
De ne flatter que les contours 
De ces beaux danseurs aux yeux de velours. 
Sire déteste la joliesse, 
Les festins, les lyres et les messes 
Et dictature chaque rire d'allégresse. 

Il s'ennuie... il n'a pas ce caractère 
De l'ami jovial et sans mystère. 
Il sourit lors d'une messe funéraire 
Et bannit le bonheur de ses terres; 
Et bannit le bonheur de cet air ! 

Sire ne veut plus de musique... 
'Dit que ça rend l'âme impudique... 
Qu'il se surprend à chanter des cantiques. 
Sire est un ange déchu, Tombé d'un ciel au nez crochu... 
Se plaît à dire que son âme est vendue ! 

Il se plaint le soir et matin. 
Ses refrains prennent allure de chagrin. 
Se restreint en chair et en vin 
Et accuse l'amour d'être un venin ! 
Puis accuse l'amour d'être venin !! 

Sire accuse d'un oeil alcôve, 
La mendicité du plus pauvre 
Qu'il juge connaître sciemment, un abus ! 
Sire exalte un mal troublant 
Qu'il vénère en Dieu tout puissant... 
Le plaisir de jouer l'ingénue !

Mais il chavire, crie contre corps et dames. 
Mélodire ? Ne suppose aucun charme ! 
Ses délires prennent sens d'un drame 
Qu'il expire dans un souffle de larmes... 
Qu'il soupire comme un souffle d'alarme !! 

Mais sire n'accuse plus personne... 
Il est devenu sa propre idole 
Et s'autographe sur les murs de sa geôle 
Sire ne veut plus s'arrêter, de sa folie naît la gaieté 
Et s'exténue à trop vouloir danser ?!

Et comme un prince éclatant de pitié, 
Il caresse la plante de ses pieds; 
Puis réclame la venue d'un violon, 
Clamant bien haut, qu'il connaît la chanson !
Que Dieu, lui-même, lui susurre en canon !!

Sire rendit l'âme en secret, oublié des anges distraits. 
Il mourut un jour de triste saison... 

                                                 "Les gens heureux m'exaspèrent,
                                                  ils distrayent ma mélancolie."
                                                                    Triste sire.

Naos - Naïf Le Rêveur